L’UE menace l’hégémonie américaine des stablecoins et d’un marché à 140 milliards de dollars
Jean-Marc Stenger, CEO de SG-FORGE, a bien voulu accorder un peu de son temps à Cryptonaute pour discuter des stablecoins, des cryptos et de MiCA. Selon lui, une restructuration complète du marché est attendue via la réglementation du 30 juin.
MiCA, la « première réglementation holistique Européenne pour les stablecoins »
Le 30 juin prochain, le premier volet de MiCA (Markets in Crypto-Assets) va être mis en place en Europe. La réglementation prévoit ainsi d’harmoniser les pratiques des marchés financiers au niveau européen et remplacer les pratiques nationales. À ce titre, MiCA prévoit effectivement de nombreux changements pour les crypto-monnaies, et en particulier pour les stablecoins. Pour l’heure, le règlement a déjà été publié au journal officiel de l’Union Européenne .
L’évènement aura fait couler beaucoup d’encre, comme le rappelle Jean-Marc Stenger , CEO de Société Générale-FORGE . Aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’à quelques mois de cette nouvelle réglementation, et cela s’annonce tout d’abord comme une première historique :
« C’est la première fois que nous allons avoir un cadre clair, homogène et relativement large et ambitieux en place sur l’UE dans sa globalité d’application directe. Il n’y aura aucune différence dans la façon dont MiCA sera implanté en France. Cela va créer un marché à l’échelle de l’UE pour les cryptoactifs. Aujourd’hui, nous n’avons pas de marché crypto européen. Nous avons un marché français, avec des PSAN. », déclare Jean-Marc Stenger.
Il a également tenu à rappeler l’importance des stablecoins sur le marché crypto à l’heure actuelle. En effet, et comme il l’affirme, cette classe de crypto si particulière et devenu un incontournable dans l’écosystème :
« Sans stablecoin, aujourd’hui, les marchés cryptos ne fonctionneraient pas. Toutes les marketplaces en ont besoin. C’est le véhicule de transfert de valeur utilisé par tout le monde, quels que soient les objectifs et horizons d’investissement. Le passage en stablecoin est obligatoire. C’est un canal essentiel de vie de l’écosystème crypto. MiCA va donc structurer au niveau de l’émetteur, au niveau de l’instrument lui-même, mais aussi au niveau des règles de commercialisation. »
Une restructuration du marché
« Restructuration », le mot qui fait peur. Pourtant, il s’agit d’un procédé nécessaire à toute évolution d’un écosystème. Dans le cas des cryptoactifs, MiCA devrait également apporter son lot d’évolution, au travers d’une restructuration du marché crypto. En effet, le cadre réglementaire apporté par le régulateur devrait permettre de proposer des notions claires. En parallèle, les acteurs devront ainsi se mettre à jour afin de correspondre aux attentes de la loi.
« À brève échéance, soit entre 12 et 18 mois, le marché de la crypto sera restructuré du fait de cette réglementation sur l’écosystème des cryptoactifs et des stablecoins. Les lignes vont bouger, d’une façon ou d’une autre. Le fonctionnement des marchés crypto tel qu’on le connaissait jusqu’à présent, les dynamiques, les acteurs en place, les plateformes en place, vont évoluer d’une manière ou d’une autre et vont devoir s’adapter. Le sens de l’adaptation sera évidemment de se mettre en conformité avec la réglementation applicable, en particulier MiCA en Europe. Pour un investisseur crypto en Europe, cela veut dire qu’à partir du 30 juin 2024, tout accès à des cryptoactifs via des plateformes devra se faire en conformité avec MiCA et tous le stablecoins centralisés devront être conformes à MiCA », explique le CEO de SG-FORGE.
Toutefois, tout le monde n’y gagnera pas. Si, d’un côté, de nombreux acteurs pourront profiter de ce bon en avant, d’autres ne seront pas forcément capables de suivre. Il s’agit effectivement d’un travail difficile sur le plan légal, et de longue haleine. En contrepartie, d’autres acteurs pourrait potentiellement entrer sur un marché nouveau et plein d’opportunités, comme l’explique Jean-Marc Stenger :
« Se mettre en conformité avec MiCA, c’est un travail colossal. Certains acteurs n’y arriveront pas. Il ne s’agit donc pas d’une évolution que tous les acteurs cryptos pourront prendre. Cela veut aussi dire que d’autres acteurs peuvent potentiellement arriver. SG-Forge, par exemple, a aussi ses ambitions. »
MiCA : une opportunité pour l’Europe
L’USDT est le stablecoin le plus utilisé au monde, et aussi celui qui possède la capitalisation boursière la plus élevée, soit environ 100 milliards de dollars. Le problème est multifacette. Tout d’abord, le marché des stablecoins est d’approximativement 140 milliards de dollars. Cela signifie une hégémonie du dollar, mais aussi de l’acteur en question. Par ailleurs, on retiendra que l’euro occupe une place encore très faible sur le marché des stablecoins. Pour le CEO de Société Générale – FORGE, MiCA se positionne donc comme une réelle opportunité pour l’Europe et pour l’euro :
« Aujourd’hui, nous avons un marché très concentré et 100% en dollars US. Il y a très peu d’alternatives en euro robustes qui existent. En théorie, il n’y a aucune raison pour que des investisseurs européens acceptent, ou trouvent efficient financièrement, de passer de l’euro au dollar US puis du dollar US à l’euro. Le coût d’aller-retour sur une devise qui n’est pas la vôtre est extrêmement important pour l’investisseur. Nativement, cela pousse les investisseurs à trader dans leur devise de base : l’euro. Il y a clairement un rééquilibrage des volumes qui va s’opérer autour de l’euro. Dans 2 ou 3 ans, on n’aura plus une hégémonie des trades en dollars comme on l’a aujourd’hui. »
Selon lui, MiCA pourrait donc permettre de replacer l’Europe au centre du marché des stablecoins, mais également de proposer un catalogue plus large de produits aux investisseurs crypto :
« Si je peux diversifier mon risque avec d’autres acteurs, je n’hésite pas à le faire. Les produits sont très faciles à comparer. À la fin, il n’y a aucune problématique de prix, c’est du 1:1. Le produit doit être bien référencé et accessible. Sur les 100 milliards de l’USDT, il y a déjà beaucoup de milliards qui viennent de clients européens. Il n’y a donc aucune raison qu’il n’y ait pas de rebalancement vers des actifs en euro. MiCA va faciliter l’accès à ces marchés. La question qui se pose, c’est à quelle vitesse ? »
Le cas des États-Unis : une approche différente
Alors que l’Europe s’apprête à lancer MiCA, les États-Unis semblent démontrer un peu de retard dans leur réglementation, à l’inverse du Royaume-Uni ou de certains pays du Moyen-Orient et de l’Asie, par exemple. Pourtant, Jean-Marc Stenger pense qu’il faut plutôt voir les choses d’un point de vue différent :
« Il serait naïf de croire ou de parler en termes de retard ou avance. Il y a des approches juridiques différentes qui s’opèrent parce que la nature du droit entre l’Europe et les États-Unis est différente. Je ne pense pas qu’il y ait une avance de l’Europe sur les États-Unis parce que nous avons MiCA. Le corpus règlementaire se construit différemment. Ça a été plus douloureux aux États-Unis qu’en Europe, parce qu’il y a eu beaucoup d’action en justice qui ont été nécessaires pour faire émerger un cadre réglementaire. C’est moins agréable, mais le résultat est le même : un corpus réglementaire se construit. »
On retiendra effectivement le cas de Three Arrows Capital, de FTX, ou encore l’effondrement du Terra Luna, par exemple. Par ailleurs, le CEO de SG-FORGE pense également qu’il n’est pas impossible que le Royaume-Uni et les États-Unis proposent une réglementation aussi solide que MiCA d’ici la fin de l’année. D’après lui, il n’y a aucune raison pour que cela n’arrive pas :
« Au Royaume-Uni, les choses ont été plus transparentes qu’aux États-Unis. Différents organismes ont clairement mentionné l’arrivée d’une réglementation sur les stablecoins au Royaum-Uni d’ici la fin de l’année, et ça sera probablement le cas. Il est tout à fait possible aussi que cela arrive aux États-Unis, et je ne vois pas de raison pour que ça ne soit pas le cas. J’imagine mal un régulateur américain laisser autant de dollars numériques en circulation sans encadrer les usages et la façon dont cela est fait. Nous aurons une réglementation en Europe pour les stablecoins d’une part et les stablecoins exprimés en Europe d’autre part. À brève échéance, la même chose arrivera aux États-Unis. »
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