Au coude à coude. Il y a tout juste quatre mois, le 10 janvier, la Securities and Exchange Commission (SEC) autorisait finalement 11 ETF Bitcoin au comptant au terme d’un imbroglio médiatico-politique aussi cocasse qu’historique. Depuis, ces produits financiers ont battu tous les records du genre et même chez le géant BlackRock, on avait jamais vu un tel engouement ! Volumes, entrées de capitaux, demande des institutionnels, tous les voyants sont au vert pour ces ETF indexés sur la valeur de la première cryptomonnaie du marché, mais dans l’ombre de ces bons chiffres une lutte sans merci a débuté pour savoir qui sera le leader de ce nouveau marché. Grayscale était le mieux placé au démarrage mais Larry Fink a depuis déployé sa puissance de frappe et BlackRock rattrape petit à petit son retard pour talonner aujourd’hui le GBTC. On fait le point sur ce duel au somment de la finance.
L’ETF IBIT de BlackRock grignote des parts de marché semaines après semaines
Petit retour en arrière pour mieux comprendre les trajectoires croisées de ces deux leaders du secteur. Au lendemain de l’annonce de la SEC , Grayscale possédait déjà 30 milliards de dollars d’actifs sous gestion car son ETF était une simple conversion de son fonds en GBTC, alors que BlackRock démarrait quasiment à zéro. Comme on peut le voir les deux graphiques ci-dessous, en terme de volume ou en de bitcoins détenus, la société de Michael Sonnenshein domine les débats de la tête et des épaules sur les premières semaines de cotation et de vente.
Selon les chiffres de The Block, après deux mois d’activité, l’écart est toujours significatif puisque Grayscale est à 23,4 milliards de dollars d’actifs sous gestion (AUM) alors que son concurrent est à seulement 4,4 milliards. Mais si on avance dans le temps et que l’on prend les chiffres du mardi 9 avril, on assiste à une sacrée remontada des équipes de Larry Fink ! Au dernier pointage, l’écart s’est fortement réduit puisque BlackRock affiche 18,2 milliards d’AUM contre 23,2 pour Grayscale. A ce rythme là, le nom du futur leader du marché ne fait pas trop de doute.
L’eTF Bitcoin de Grayscale en perte de vitesse face à ses concurrents
Et on voit très bien la tendance s’inverser lentement au fil des semaines sur les deux graphiques ci-dessus où la part du GBTC (en bleu) perd petit à petit en dominance face à la monté inexorable de BlackRock (en vert clair). Concernant les volumes cumulés sur le graphique de gauche, la part du GBCT va passer de 50% au lancement des ETF à 23,5% au dernier relevé de mardi dernier. Ce jour-là, l’IBIT enregistre 128,7 millions de dollars d’entrée quand Grayscale enregistre 154,9 millions de sortie, comme un symbole de la dynamique à l’œuvre sur ce marché.
A l’heure d’expliquer cette situation, il y a plusieurs facteurs à prendre en compte et notamment la vente de nombreuses parts du GBTC par la société Genesis. Actuellement en faillite, Genesis fut récemment autorisée par la justice à vendre pour 1,3 milliards de dollars de ses parts dans le fonds, devenu ETF, et cela peut, en partie, expliquer ces volumes négatifs. C’est l’ avis d’Eric Balchunas, analyste principal des ETF chez Bloomberg, qui ajoute que les frais de gestion sont aussi plus haut chez ce même Grayscale, et qu’à l’heure du choix, certains clients sont partis chez la concurrence : le géant BlackRock.
Enfin, un mot quand même sur le troisième belligérant de cette guerre économique : Fidelity. Toujours dans l’ombre de ces deux concurrents, l’entreprise dirigée par Abigail Johnson se positionne aussi comme un concurrent sérieux aux premières places du podium et rêve déjà, comme les autres, de pouvoir bientôt vendre un ETF Ethereum, avec même la particularité de proposer du rendement grâce au staking. Mais c’est un autre sujet…