- La police britannique saisi 61 000 BTC dans une affaire de fraude à l’investissement en Chine.
- Jian Wen, une femme ayant un train de vie luxueux malgré des revenus officiels modestes, a été condamnée à plus de six ans de prison pour son rôle de prête-nom dans cette opération de blanchiment d’argent.
À l’insu de son plein gré ? Des dizaines de milliers de bitcoins, des villas luxueuses, de fortes sommes d’argent liquide, des vêtements de grands couturiers, une voiture de sport, les saisies de la police britannique dans cette affaire d’escroquerie internationale sont impressionnantes, mais le plus incroyable dans tout ça reste le profil de l’accusée qui continue d’affirmer qu’elle n’était qu’un pion dans l’opération. Jian Wen, ressortissante chinoise ayant aussi la nationalité britannique, clame haut et fort qu’elle n’avait qu’un rôle secondaire et qu’elle n’avait qu’une conscience limitée de l’étendue de l’activité criminelle à laquelle elle était liée .
On aurait bien envie de la croire, mais le problème est que son train de vie depuis des années ne correspond pas vraiment à ses déclarations verbales, mais surtout… fiscales ! Et les preuves amassées contre elle sont tellement accablantes qu’on souhaite bon courage à son avocat. Voyons un peu plus en détails ce que l’on sait de ce dossier.
Employée de restauration pour le fisc et millionnaire dans la vie : quel rôle jouait exactement Jian Wen ?
Jian Wen 42 ans, a été interrogée la première fois par la justice britannique le 31 octobre 2018 après une première descente de police chez elle dans le cadre d’une anomalie fiscale. Lors de l’exercice 2016/17, elle n’avait déclaré qu’un peu plus de 7 000 euros de revenus imposables au fisc anglais, ce qui pour une employée de restauration rapide était somme toute assez logique. Problème ? La dame en question réside dans une maison de six chambres qu’elle loue presque 20 000€ par mois, elle voyage à travers le monde, dépense des dizaines de milliers d’euros en vêtements et chaussures de luxe , elle roule en Mercedes classe E et son fils fréquente une école prestigieuse à plus de 7 000€ le trimestre !
Elle possède enfin deux appartements à Dubaï et elle était sur le pont d’acquérir une villa en Toscane pour la somme rondelette de 10 millions ! Il y a donc bien une différence criante entre son niveau de vie et les revenus qu’elle déclare à l’administration fiscale et une petite lumière s’est finalement allumée dans les services du fisc lorsqu’elle a tenté de faire l’acquisition d’un ensemble immobilier à Londres d’une valeur de 42 millions d’euros. Là, c’était trop et la police a voulu savoir d’où venait l’argent. Et nous aussi !
L’employé de restauration a été arrêtée et condamné à plus de 6 ans de prison61 000 bitcoins saisis dans le cadre d’une affaire internationale et plus de 6 ans de prison à la clé
Après une enquête rapide, la police a réalisé la plus importante saisie de cryptomonnaie au Royaume-Uni avec 61 000 BTC interceptés, soit 4,2 milliards de dollars au prix actuel. Ces bitcoins seraient liés à une vaste affaire de fraude à l’investissement en Chine opérée entre 2014 et 2017 et l’accusée aurait eu la mission d’être une sorte de prête nom pour blanchir l’argent. La justice n’a pas réussi à lier Jian Wen à l’ensemble du butin et elle comparaissait donc pour le blanchiment de seulement 150 bitcoins entre octobre 2017 et janvier 2022 devant la cour de Southwark à Londres.
Lors du verdict, juge Sally-Ann Hales l’a reconnu coupable, l’a condamné à six ans et huit mois de prison malgré les protestations de son avocat :
« Jian Wen est issue du milieu le plus humble possible et elle travaillait dans des restaurants chinois minables ! Elle était une victime bien avant de devenir une criminelle et elle a sans aucun doute été dupée et utilisée par le cerveau présumé de l’opération. »
Mark Harries, avocat de la défense – Source : news.sky
L’accusée a tout de même reconnu être impliquée dans « un arrangement concernant de la cryptomonnaie » mais « elle ne connaissait pas et ne soupçonnait pas la provenance des fonds ». Elle était un « simple rouage de l’affaire, avait une conscience limitée de l’étendue de l’activité criminelle » a tenté d’expliquer Jian Wen mais la procureure n’a pas du tout été sensible à ses propos.
Vous êtes motivé « par l’avidité et par l’appât du gain » a répondu Gillian Jones, la procureure en question et vous n’étiez manifestement soumis « à aucune coercition, intimidation ou exploitation ». Fin des débats et des mensonges. L’accusée dort en prison à Londres et ses biens ont été saisis. À l’instar de sa cousine d’Outre-Atlantique, la justice britannique a décidé de faire le ménage dans la crypto et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a du travail !